Contempler l’invisible
L’engagement social de Paul Evdokimov prend son élan sur cette parole des Pères qu’il aimait répéter : « Après Dieu, voir Dieu en tout homme, voir en tout homme l’icône vivante du Christ ». Et l’engagement du contemplatif, qu’il fut également, puise son inspiration dans cette parole de l’épître aux Hébreux : « Nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (13,14). Son regard de contemplatif se concentre sur le but, la cité future, il faisait sienne l’image du coureur dans le stade, chère à l’apôtre Paul (Ph 3,13) : « Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu ». Le contemplatif en l’espèce n’est pas figé dans l’immobilité mais, à l’instar du pèlerin russe, il est constamment en mouvement. Lui-même n’évoquait presque jamais sa vie menée en Russie, cette page d’histoire était tournée, il était inutile d’éveiller la nostalgie d’un monde qui s’était écroulé. Il n’avait rien d’un « émigré de l’intérieur », de ce type d’émigré installé en France dont l’esprit se tourne sans cesse vers la patrie perdue.
Le contemplatif est celui qui porte un autre univers dans le regard. Ce n’est pas une fuite du réel, mais un enracinement dans le monde comme reflet du Royaume à venir. Dans le tourbillon des convulsions inévitablement passagères de l’histoire, le contemplatif garde sa paix intérieure, cette paix, chère à saint Séraphin de Sarov, capable de sauver des foules d’hommes. Le père Lev Gillet, ami de toujours, le décrivait comme « un adorateur, un contemplatif… plus à l’aise dans le royaume des invisibles, des réalités divines que dans celui des contacts et des affaires terrestres… tout en étant capable d’interventions énergiques et efficaces dans la trame des choses humaines » (Contacts, N° 73-74, p.7). Devenu veuf, il s’était profondément investi, durant la dernière période de sa vie, dans la CIMADE ou « Comité d’aide auprès des évacués » fondé dans les débuts de la dernière guerre. Lorsque l’équipe de direction se réunissait, raconte son secrétaire, le pasteur François de Seyne, « il arrivait qu’on parlât de questions qui le concernaient peu, il écoutait, mais ne parlait pas. Ses yeux bleus étaient fixés très loin, ou bien de temps en temps sur l’un d’entre nous. Puis de nouveau sur l’invisible. Je me disais alors : Pavlik est en prière pour nous, c’est bon.
Un Russe européen
Dans sa formation spirituelle, un rôle important est joué par sa mère, profondément croyante qui, chose étonnante à l’époque pour une femme, avait fait des études de théologie et même rédigé quelques essais en ce domaine. Elle mène son jeune garçon dans les monastères où il s’imprègne des rudiments de la contemplation. Lorsque son mari, colonel, est assassiné par un révolutionnaire polonais lors d’une parade en présence du tsar Nicolas II, elle exige que ce dernier ne soit pas fusillé, comme il aurait dû l’être, tant lui répugnait l’idée de la peine de mort. Mis à l’école des cadets, son fils y fera l’apprentissage de la discipline militaire, il en gardera un port droit, non dénué de quelque raideur, celui d’une sentinelle toujours aux aguets. Monastère et école militaire forgent son caractère, élargissent son espace intérieur où la Russie restera étonnamment, idéalement parfois, présente en sa personne comme en toute son œuvre. Cette Russie tient, dans son univers mental, une place de choix dès le premier ouvrage, sa thèse sur Dostoïevski et le problème du mal ; cette place ne se démentira pas sous l’influence de Nicolas Berdiaev et du père Serge Boulgakov, et s’imposera encore dans le dernier ouvrage : Le Christ dans la pensée russe, qui vient d’être réédité et se présente comme un testament spirituel en hommage aux penseurs religieux russes qui ont jalonné son itinéraire spirituel. La Russie en question n’est pas fermée sur elle-même dans une attitude d’hostilité à l’égard de l’Occident, comme c’est malheureusement bien souvent le cas aujourd’hui. À la suite de Dostoïevski, il disait : plus je me sens russe, et plus je me sens européen. Il a ainsi pu se mettre au service des hommes au sein d’une Europe où il se sentait très à l’aise.
En 1923, le jeune émigré éprouve un choc en mettant le pied à Paris. Dans ce pays où il va désormais prendre racine, sa vie marque un tournant décisif en une parfaite continuité spirituelle :
« En foulant le sol de France, les pavés des rues de Paris, en m’arrêtant à l’ombre des vieilles églises, je récitais avec vénération les paroles de Dostoïevski : “Pour le Russe, l’Europe est aussi précieuse que la Russie…”. L’exil offrait un pèlerinage aux sanctuaires. J’étais pressé de connaître le christianisme occidental, ses trésors, ses miracles, ses saints… Dépouillé de tout, je n’étais pas moins dépositaire de ma foi orthodoxe ; toutefois, s’il y avait lieu de rendre témoignage, il fallait avant tout comprendre, pénétrer le mystère des formes étrangères qui m’entouraient ».
Ce contemplatif ne se contente pas de l’héritage spirituel reçu en Russie, il se montre aussi apte à s’abreuver aux sources de la sainteté occidentale. Jeune émigré, il se prépare à planter sa tente en Occident, le « pays des saintes merveilles » comme disait Khomiakov, sans nullement rompre avec le trésor spirituel hérité en Russie qui ne le quittera jamais, et qu’il est en mesure désormais de partager avec tous ceux que le Seigneur mettra sur son chemin. Il montre ainsi qu’un Russe est à même de poursuivre sa quête de la cité céleste loin des chemins de la steppe infinie, serait-ce dans les rues d’une grande capitale comme Paris, tant qu’il garde dans le secret de son cœur l’unique nécessaire, le seul bagage laissé chez celui qui est dépouillé de tout, dont le destin est de parcourir les routes du monde où il a été jeté par les convulsions de l’histoire parce que, comme dit Shakespeare, « time is out of joint », le temps est sorti de ses gonds.
Les ruptures de la vie
Après la rupture au sein du premier cercle familial avec la mort du père, vient la grande rupture de 1917. Comme saint Alexis Metchev ou Berdiaev, la Révolution, pour ces Russes, est un phénomène spirituel, au-delà des contingences historiques. Ce contemplatif est alors jeté sur les chemins de l’exil, d’abord celui de la patrie, suivi d’un séjour à Constantinople, puis l’arrivée à Paris, les études à l’Institut Saint-Serge et le mariage, l’évacuation, en 1939, de la ville de Menton convoitée par Mussolini, où il s’était installé, enfin, après la mort de sa femme en 1945, le retour à Paris où il choisit d’entrer à la CIMADE. Après cette longue série de ruptures, sous la stricte correction de son aspect extérieur et son élégance vestimentaire, battait un cœur de la race des vagabonds toujours prêts à s’adapter en toutes circonstances.
Sans hésiter il va consacrer une partie de sa vie à s’occuper de réfugiés, ses frères en exil, rencontrés sur sa route et qui parfois errent sans but. Il va les aider à trouver un sens à leur existence, à se tailler une place dans la cité des hommes, et fera, quand l’occasion se présentera, un bout de chemin avec eux vers la Cité céleste. Sans cesse il côtoie des situations plus ou moins tragiques, qui sont les retombées des ruptures de l’histoire : révolutions, libération des camps et plus tard, révolte des étudiants en 1968. Très sensible aux problèmes du monde moderne, à la misère de l’homme qui se sent menacé, aux détresses de l’âme, il s’écrie un jour (devant le pasteur Charles Westphal) : « Le chrétien ne peut plus aujourd’hui que prier et crier ! ». Mais le temps presse, la ligne de son destin, commandée par l’urgence de l’histoire, éclaire le sens du service assumé par lui : « Pour atteindre le Royaume de Dieu, il faut d’abord faire régner dans l’histoire la justice du Royaume ».
Les foyers de réfugiés
Pour comprendre l’engagement social de Paul Evdokimov il faut se remettre en mémoire l’arrière-fond historique de l’année 1945, le contexte de la guerre froide et la menace qu’elle fait peser, la décolonisation à venir non exempte ici ou là d’actes d’hostilité sanglants, et surtout une atmosphère de fin de guerre où il devenait impératif de prendre des mesures en cette période de flux migratoires, de transplantations de populations rescapées des camps ou des régimes totalitaires.
La source d’inspiration où puisent ceux qui se lancent dans un combat contre l’exclusion se trouve dans le Lévitique (19, 33-34) : « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez point. Vous traiterez l’étranger qui réside parmi vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers vous-mêmes au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu ». En élargissant ce thème de l’étranger sur terre, on peut avancer que tout homme est seulement de passage en ce bas monde, qu’il est un exilé du Royaume.
« Les pauvres ont un privilège redoutable pour tous, celui de promener à travers le monde la figure du Pauvre, ce visage du Christ qui “n’a pas un lieu où reposer la tête”. Il est donné aux réfugiés, dans leur destin même, la grâce étonnante de tracer l’image de Dieu venant sur terre… Si nous sommes encore des vivants, c’est que Dieu espère en nous : dans tout être souffrant c’est Dieu lui-même qui espère trouver en moi son prochain » (« Tu aimeras le réfugié comme toi-même », texte ronéotypé de Paul Evdokimov cité par Olivier Clément).
Donc, à la fin de la seconde guerre mondiale, il va d’abord s’occuper d’un centre d’accueil situé à Bièvres dans la région parisienne, qu’il décrit ainsi :
« Il abritait des éléments hétéroclites, victimes des événements récents et dans l’attente d’une difficile solution. Filles mères, officier prussien, clown communiste, et tant d’autres « déchets », candidats au suicide, âmes crispées, en tout une quarantaine de personnes de toutes les nationalités, formant un ensemble très bariolé. Je suggérai des entretiens dans le but de consolider chrétiennement au moins quelques éléments dans ces âmes ravagées que la souffrance mettait à nu : contacts bouleversants, ces échanges restent inoubliables, uniques » (Jalons sur un chemin de vie, p. 86).
De plus en plus va s’affermir en lui l’évidence d’un sacerdoce à la portée de tout laïc. Ici aussi il faut lui laisser la parole :
« Comment définir ma tâche qui touchait au pastoral ? Je sentais qu’elle constituait un ministère et s’adressait également à mon sacerdoce universel (“Vous êtes un sacerdoce royal, une nation sainte”, écrit l’apôtre Pierre (I, 2,9). Ce thème du sacerdoce royal est repris dans La vie spirituelle dans la ville, ouvrage réédité)… Les âmes, leur souffrance m’interrogeait, faisait de moi un témoin, un confident, un intercesseur. Et dans ma prière, je puisais consciemment dans le sacerdoce du laïcat, dans son charisme, pour mettre dans ma réponse autre chose que de l’humain pur. Le moment était venu d’expérimenter les formules qui m’avaient frappé… après Dieu, vois Dieu en tout homme, de reconnaître en tout visage humain l’icône vivante du Christ » (Jalons sur un chemin de vie, p. 86).
Dans la triple vocation du sacerdoce universel du chrétien, celui de roi, de prêtre et de prophète, il a en particulier porté témoignage en pleine conscience de son sacerdoce de laïc, auquel tous sont appelés par le baptême. Le rite de la tonsure du baptisé se présente comme un acte de consécration à Dieu.
À partir de cette période (1945-1947) son engagement social va se doubler d’un engagement œcuménique, qui ira en s’affirmant au fil des années.
« Après une série de causeries et d’études bibliques, le groupe allemand me déclara qu’ils avaient besoin de prier et d’avoir un “culte”… Je précisai que j’étais orthodoxe et je les convoquai à se réunir… Je choisis des lectures et des prières tirées du livre de culte protestant… Ainsi s’exerçait en moi le sacerdoce universel orthodoxe, en ma modeste personne, en tant que “prêtre, roi et prophète” selon la définition des Pères… J’avais été appelé à mettre ces âmes en présence du Seigneur, dans un état de prière, sous la grâce de Dieu ».
Dès 1948 il dirige un foyer d’étudiants à Sèvres (ce foyer sera transporté en 1962 à Massy), et doit faire face aux problèmes d’installation, de choix du mobilier, d’intendance, dans des conditions de restriction budgétaire (la CIMADE ne vit que de dons), sans oublier de prêter main-forte lorsqu’il faut dénicher une bourse ou une subvention. « Pour atteindre le Royaume, il faut d’abord faire régner dans l’Histoire la justice du Royaume ». Et cette justice passe aussi par les questions matérielles. Le foyer de Sèvres est essentiellement peuplé de « personnes déplacées » (les DP comme on disait alors, ou « displaced persons ») venant d’Europe centrale et orientale (Roumains, Serbes, Bulgares, Tchèques, Hongrois venus en masse en 1956), d’Espagne (régime de Franco), puis dans les années soixante d’Angola et de Mozambique, en proie à des luttes intestines après avoir secoué la tutelle du Portugal. Dans le second foyer, celui de Massy, les étudiants issus du Tiers Monde seront majoritaires.
Nombre d’entre eux ont fui leur pays pour des raisons politiques : marxistes d’un côté, transfuges du joug communiste de l’autre, mais tous vivent en bonne entente, dans une atmosphère amicale. Certains sont révoltés de se trouver déracinés, écartelés entre des idéologies contradictoires, contraints, sans l’avoir parfois désiré, de s’intégrer à la langue et à la culture françaises. Le directeur, qui pouvait être sévère, était étonnamment disponible, attentif aux souffrances des uns ou des autres, capable de recevoir, ou d’aller consoler, quelqu’un en pleine nuit et de rester avec lui jusqu’à l’aube.
Il avait instauré des causeries le dimanche après-midi où tous les problèmes de la vie étaient abordés, toujours éclairés par une lumière venant d’ailleurs qui seule pouvait guider ces jeunes, lorsqu’ils se montraient réceptifs, à s’orienter dans un monde en plein bouleversement. Il avait même suggéré de bâtir une « chapelle œcuménique » dans le jardin. L’idée avait été reçue avec joie, et pratiquement tous les étudiants, quelle que fût leur appartenance confessionnelle, y avaient pris part. il avait fallu organiser une campagne financière, aller chercher les matériaux avec une vieille camionnette que je conduisais et dont les freins parfois lâchaient ; un sculpteur roumain nous prodiguait ses conseils. Et tous les soirs, après le dîner, nous nous réunissions dans cette chapelle pour un moment de recueillement et de prière, sur un schéma tiré des vêpres orthodoxes capable d’unir tous les chrétiens dans la louange. Un étudiant exprimera plus tard, en ces termes, le sentiment inoubliable de ces humbles moments quotidiens où chacun, en fin de journée, déposait son fardeau devant le Père :
« Nous étions après la guerre comme parachutés dans un pays inconnu et qui nous restait fermé. Nous nous sommes mis ensemble pour poser les briques de l’oratoire, et nous nous sommes vus en réalité les “pierres vivantes de cette chapelle”. Chose étrange, en y entrant par la porte posée par nous-mêmes, nous avons compris qu’alors seulement nous entrions en France ».
Malheureusement ce lieu de prière œcuménique, unique en son genre surtout pour l’époque (années 50), a été détruit, l’hôpital de Sèvres, ayant exproprié, en 1962, le foyer avec son terrain pour s’agrandir. Mais ce foyer, ses activités, la personnalité rayonnante de son directeur, permirent à de nombreux jeunes de passer du statut de « personnes déplacées », de réfugiés, à un statut qui leur permettait de s’intégrer dans un christianisme universel, où chacun est un exilé à la recherche de la cité céleste.
En 1962, le foyer d’étudiants se transporte à Massy. Les réfugiés de l’Est, moins nombreux, cèdent la place à des étudiants du Tiers Monde. Il n’y a plus de chapelle, la prière du soir ne se dit plus, les signes religieux se raréfient suivant la tendance de l’époque. La CIMADE poursuit aujourd’hui ses activités parmi les immigrants de toute sortes (on ne parle plus de réfugiés, ni de personnes déplacées), mais elle a estompé, sinon aboli, ses références chrétiennes et œcuméniques, au profit d’une vision plus politique suscitée par les événements de 1968. Cette vision politique n’est pas à dédaigner, elle est même nécessaire pour organiser la vie dans la Cité des hommes, mais c’est autre chose. L’époque où les équipiers de la CIMADE puisaient ensemble leur force dans la présence du Seigneur, dans une prière commune, cette époque qui était de pure grâce a disparu.
En dehors des trois foyers dont il a eu la responsabilité (Bièvres, Sèvres, Massy) Paul Evdokimov devait gérer avec ses amis du Comité directeur de la CIMADE divers problèmes concernant les sans-papiers, les sans-domiciles, les sans-travail, sans parler des divers camps de réfugiés tel celui de Berlin où j’ai moi-même travaillé pendant quelques mois. Son engagement social s’épanouissait dans une attention portée à des êtres douloureux, tourmentés, qu’il fallait apaiser, consoler, guider à travers l’exercice d’une véritable paternité spirituelle, comme aussi à des jeunes en simple période de formation intellectuelle et affective.
La contemplation comme assise à l’engagement
Les revenus de ce théologien furent toujours extrêmement modestes. Il aurait pu s’engager dans une carrière universitaire, mener une existence plus confortable. À la fin de la guerre, en effet, on l’avait pressenti pour accepter un poste de professeur de russe à l’université de Bordeaux, poste qu’il refusa car il lui aurait fallu renoncer au passeport « Nansen », c’est-à-dire au statut d’apatride, et acquérir la nationalité française, ce qu’il ne voulait à aucun prix. En un sens, il n’était pas mécontent de vivre modestement, se sentant ainsi plus proche de ceux qui sont démunis de tout. Dans Une vision orthodoxe de la théologie morale (édité en 2010) il écrit :
« La mesure de la pauvreté est toujours personnelle… c’est la qualité du don et de l’amour qu’on met dans un verre d’eau offert qui, selon l’Évangile, justifie l’homme au Jugement dernier… S’il n’y a rien à partager, il reste l’exemple de “l’économe infidèle” de la parabole qui distribue les richesses de son Maître – l’inépuisable amour – afin de multiplier les amitiés en Christ. Le Magnificat de la Vierge chante la pauvreté et fait pressentir en tout pauvre, en tout souffrant, le sacrement de la présence du Christ ».
Toujours dans Une vision orthodoxe de la théologie morale, il écrit :
« La culture de l’attention spirituelle envers l’image de Dieu apprend à “estimer après Dieu tous les hommes comme Dieu même”, selon saint Nils. Cette manière iconographique de contempler explique chez les spirituels leur étonnant optimisme et la frappante tonalité de joie, l’appréciation maximale de l’homme car il est “le lieu de Dieu” ».
Devant tout homme qu’il rencontrait, saint Séraphin s’écriait « Ma joie ! ». Il voyait venir à sa rencontre Dieu lui-même, il lisait son amour sur chaque visage, et joyeusement saluait sa présence.
L’engagement social, dans le cas de Paul Evdokimov, était le fruit d’une contemplation qui en était inséparable. Le service de l’Église, de la réflexion théologique, passait par le service du pauvre, de l’abandonné.
Michel Evdokimov