Venez, réjouissons-nous dans le Seigneur

Les tableaux de la crèche et de la Nativité, les icônes de la Vierge à l’enfant, sont répandus dans le monde entier. Parfois, ils suscitent comme un serrement de cœur, dans une remontée des souvenirs de l’enfance que nous avons eue. Quoi de plus beau que cette vision de la jeune mère avec son enfant dans les bras, entourée d’humbles bergers en adoration, de mages aux bras chargés de cadeaux ; dans le ciel les étoiles brillent et dans les champs alentour paissent des troupeaux. Qu’y a-t-il de plus admirable, de plus chargé d’espérance sur cette terre vouée à la tristesse, que cette promesse de vie naissante ? Deux mille ans ont passé, ce tableau hante nos souvenirs. Nous sommes éblouis : un enfant est Dieu, et Dieu est un enfant. Aujourd’hui la créature enfante son Créateur.

Joie et tristesse

Et pourtant, en cette fin de l’an 2012 à l’appel à la joie se mêle une profonde tristesse. Des projets de loi visent à bouleverser les structures plus que millénaire de la famille, ce cadre de vie auquel tout enfant a droit pour s’épanouir. On ne peut traiter un enfant comme s’il était un produit de consommation, à l’égal de tout autre produit, selon un mode de procréation artificielle dépourvue de tout élan d’amour.

Les homosexuels en tant que créatures de Dieu ont comme tout être humain, droit au salut. Or, selon saint Paul, si « tout est permis, tout ne convient pas » (I Co 6,12). On a connu les coups portés à l’institution familiale avec le relâchement des mœurs, les conflits de générations, l’effacement de l’image du père, l’affaissement de l’autorité. Contre saint Paul on a affirmé qu’il est « interdit d’interdire ». Au milieu de cet écroulement des valeurs on s’acharne à démolir l’institution familiale, déjà fragilisée, pour promouvoir d’un coup de baguette magique un nouvel ordre de vie où l’homme, on ne sait pourquoi, serait plus heureux.

Le sens des mots

Il y a en la matière une « supercherie », d’après le cardinal André Vingt-Trois, portant sur le sens des mots. Le terme mariage perd sa finalité qui est l’amour avec comme prolongement la venue des enfants. On dénature le sens d’un mot pour l’adapter à des gens qui vivent un handicap de la nature – l’impossibilité de procréer – et pour la convenance d’une infime minorité.

Pire encore, il faut supprimer ces mots si puissants que sont père et mère pour leur substituer le vague parent (N° 1 et N° 2), exempt de toute charge affective. Derrière cette dérive sémantique on s’arroge le pouvoir de transformer la réalité. Et la réalité est qu’un enfant a besoin d’une mère et d’un père pour se construire dans la vie.

Les mots ont leur sens et leur profondeur. Ceux qui se sentent enfants du Père éternel savent qu’Il a créé l’homme et la femme pour qu’ils ne fassent qu’« une seule chair », et non deux êtres du même sexe, et qu’ils puissent croître et multiplier.

S’émerveiller devant la naissance de l’Enfant

Face à cette dégradation du sens des mots, à la dislocation de la famille dans des projets de loi sur « le mariage pour tous » – expression vide de sens -, face à une profanation de la fête de la Nativité dans une société où Noël s’est converti en une fête païenne à grands coups d’une publicité tapageuse, il nous faut retrouver l’esprit d’enfance, de pureté, d’innocence, le sens de l’émerveillement qui saisissait les premiers acteurs de la venue au monde du Dieu fait petit enfant. Devant ce déploiement de joie et de beauté, Marie gardait toutes ces choses et les repassait dans son cœur ébloui.

Unissons-nous avec émerveillement à cette lumière céleste, ces chants angéliques, ces humbles adorateurs du Très-Haut. Par l’émerveillement nous ferons barrage à toutes les forces de décomposition, de dégradation, de désenchantement d’une société qui, pour paraphraser Pascal, n’ayant pu guérir la mort s’est avisée de n’y plus penser.

Il faut réenchanter la société, non par de pitoyables ersatz tels que le mariage des homosexuels ou la procréation assistée, mais par la vue lucide d’une vie libérée de l’emprise de la mort. Car c’est pour cela que naît l’Enfant Dieu, comme le montre l’icône de la Nativité où Jésus est déposé dans une crèche en forme de tombeau, au fond d’un trou noir symbole de la mort. Ainsi est préfiguré le combat que le Christ, une fois adulte, mènera aux enfers. Le combat que chacun de nous doit mener contre les forces de mort toujours prêtes à s’acharner sur nous. À travers son Père et sa Mère, le Christ unit les deux mondes, comme le dit cette stichère du 3ème ton : « Toi qui es né au ciel d’un Père sans mère, tu es né sur terre d’une Mère sans père ».

Père Michel

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